Le vin d’Alsace, liquide fluctuant, est mystérieusement voué à une mobilité de surface qui provient de cette obscure profondeur qui me ramène toujours au paysage oublié de mes grands parents mort au champs d’honneur. Il est acte tendu de toutes les existences pour les accorder au nez, à la bouche mais aussi à l’oreille du cœur. Quand on le boit, tandis que la langue se tient immobile pour l’accueillir, le nez et l’œil surveille la couleur et à mesure que le flot des notes convoitées envahi mon palais, il absorbe ma tristesse et donne sa vigueur jusqu’au plus profond de mon âme.
Jour: 7 novembre 2022
VOYAGE DANS LA RHÉNANIE-PALATINAT
Quand je vais voir mes enfants en Allemagne, je visite souvent les caves et la route des vins, et l’idée de toutes ces cuves argentées, où grouillent en l’état une masse sur laquelle moutonne une écume dans son ébullition, me fascine. On songe immédiatement à ces phénomènes de fermentation, à la poussée qui hante à la fois la totalité de la vendange et chaque grain de raisin qui, dans son unité, à la forme d’une micro éruption au sein d’un violent concentré de frénésie qui se retient pour un secret ineffable et exaltant de son ouverture prochaine.