Mois: juillet 2020
LA COLONISATION DU LUXE PAR LVMH
Il y a aujourd’hui dans notre société deux types de firme ; celles qui ont des concurrents et celles qui ont un monopole. Ces deuxièmes profitent des milliards de dollars engrangés pour transformer la société du futur. Les technocrates ont disparu avec leur costume gris et ont été remplacés par des jeunes entrepreneurs ingénieurs à capuche et casquette de baseball, et avec les données qu’ils collectent, ils comptent bien prendre la place des Etats qui sont aujourd’hui défaillants. Depuis leur bulle, ils échafaudent tous les scénarii pour guérir les maux de nos sociétés et ceux du monde entier, en créant un réseau qui rapproche les individus. Ils créent un univers qui bouleverse radicalement celui-ci.
La science et la technologie ont cessé de servir les hommes. C’est la technologie maintenant avec les smartphones qui deviennent nos maîtres, et c’est 24 heures sur 24 sous l’œil de ces nouveaux moyens de communication que le monde de George Orwell se construit sous nos yeux, et nous, nous regardons ailleurs. Depuis le début de l’humanité, jamais les intérêts privés avaient fait main basse sur tout un secteur d’activité. Il faut se poser la question : comment une invention comme internet, qui est supposé rapprocher des gens, outil de démocratie, ait été accaparé par des intérêts privés aussi rapidement ? Lire la suite »
CÉLINE PAS TIK COMPLÈTEMENT TOK
C’est sur la plateforme TIkTok que, chez Céline, Hedi Slimane, le « Clubinard », nous raconte son histoire des années 80 après nous avoir raconté la saison dernière celle des années 1970. Plateforme qui ne compte seulement qu’environ 5 000 spectateurs, et sur laquelle nous avons pu suivre en direct son défilé printemps-été masculin, avec des mannequins qui se promènent sur une ancienne piste de course automobile près de Marseille, probablement cause : proximité des vacances oblige. Lire la suite »
CHANEL BLACK AND BLUES
Si le nom d’acide est celui de sa musique, cela n’est pas un goût âpre que j’ai dans la bouche, mais plutôt celui d’un bonbon aussi tendre qu’une guimauve que l’on dégusterait au coin d’un feu de bois au fin fond du Yosemite park. Comme un basculement, qui nous fait chanceler et que nous ressentons, un retournement que la Covid a surement secoué d’une vague aussi forte que la mélodie des cris de révolte et des rimes aphones, la maison tremble des soubresauts des marteaux piqueurs qui la rénovent. Lire la suite »
MON PÈRE AVAIT RAISON !
Mon père avait raison ! Non, ce n’est pas une pièce de Sacha Guitry, mais la raison du grand Jacques, président des Métiers d’Art entre autres, et qui avait compris, avant tout le monde, que ces métiers étaient essentiels et indispensables à la survie de la Haute Couture ! Seul, il l’était, contre les Pierre Saint Laurent, Yves Berger, et Didier Grumler & Cie qui se sont toujours farouchement opposés à cette vision. Au final : « Mon père avait raison… »
Et voilà, que la Covid-19 vient appuyer sa raison. Après cette Fashion Week de Paris, la mode démontre que les Métiers d’Art sont intemporels et nécessaires à la survie de cette exception culturelle à la française. Ils sont à eux seuls le contre-pied de ces jeunes incultes qui ne savent rien faire et qui ont un avis sur tout et surtout un avis, alors qu’ils ne sont que des conseillers véreux de grands groupes Américains, grands ordonnateurs d’idées de circonstance. Métiers d’Arts comme un contre-pied à ces bimbos ayant le culte de Narcisse et dont la mode ne les intéresse seulement parce qu’elle renvoie le reflet du miroir de leur vanité.
Je me délecte de voir ces jeunes diplômés : verrier, ébéniste, couturier, plumassier, et bien d’autres, dans des secteurs d’activités qui leur donnent une satisfaction totale dans leur accomplissement personnel. La Covid-19 aura eu cette vertu ; celle de faire bien comprendre que ceux qui prennent des photos et assistent aux Fashion shows ne sont rien par opposition à ceux qui créent de la valeur. Lire la suite »
LES BRAS M’EN TOMBENT…
Ils doivent souvent frémir les traîtres au frottement de la soie de Canovas, et se dresser altiers et tremblant sous la fibre protéique. Inexplicablement (pour ceux qui ne connaissent pas Newton), la gravité les entraîne souvent dans une chute vertigineuse. Aux premiers jours, ils se lèvent gonflé de sèves et d’hormones dus à leur jeunesse. Souvent je suis subjugué de ces fruits, qui sont toujours en couple. Je m’abreuve du désir ou de la poésie de pouvoir les regarder se balancer muée par leur lourdeur naturelle qu’ils s’imposent.
Pour certaines femmes, les voici pointus comme des obus que Maître Pitanguy, gonflé de tout son orgueil, transforme. Des Vénus, en beauté jumel-aire, qui armées de ces deux obus, métamorphosent les douces muses en canon. La femme abandonne le soutien-gorge nous dit-on ! Alors, adieu saveur exquise de la poire que seul un ciboire peut presser pour sa pulpe. Mais, bonjour œufs cuits sur le plat ou gants de toilette ou de cuisine, c’est selon, qui vont parcourir les rues de Paname. Pourtant, quoi de plus beau que le corsage de Sorbier rembourré de l’éclat d’un téton, afin de faire deviner aux amants futurs, cette auréole divine. Lire la suite »
VALENTINO DANS LA VALEUR DE LA NUIT
Une danse noueuse sous un masque de vie, une mine langoureuse fondue de mépris dans la froideur des âmes qui flottent encore autour de l’Italie. Le voile hagard de la lune déchire la nuit et couvre de sa blancheur la lumière qui imprime sur les robes. Une idée du Maître Sorbier, il y a 10 ans déjà ! Mais qu’importe ! La bise remue l’eau du lac et les tons blancs se fondent dans la lumière de l’objectif d’un océan de fortune. Voici la valse joueuse d’une chatte dans la nuit où les robes de Valentino, accrochées au Cirque du Soleil, virevoltent dans la pénombre de la nuit de Milan.
Valentino fait tourner les mannequins comme les quilles et les cerceaux du cirque, dès l’instant, que je vis cette beauté féroce, je fus muet de plaisir. Comme de beaux œillets de Vénus, le couturier nous offre des roses ainsi que des boutons de vermeil pour imiter les lèvres closes que j’ai envie de baiser sans mesure. Lire la suite »
BLACK MATTER ET CHAMPS DE COTON
Voilà le paysan provençal, couturier de son étoit, et qui, dans sa collection, nous donne pour le « Black Matter » sa propre définition : les filles des Maîtres dans les champs de coton qui sont aujourd’hui devenus des champs de blé. Sorte de Mississippi Burning, dans le songe de Django, pour la défonce des Afro-Européens. Et, les Marseillais, on le sait, la plupart du temps, dans les stades de France, éructent des bruits incongrus de singe à l’arrivée de Pogba et Consorts. Pourtant, s’ils savaient que depuis Toumaï, l’Homo erectus était noir ; Homo erectus un nom qui devrait exciter notre couturier préféré.
Un champ de blé pour « j’amuse » la galerie, mais surtout, prendre une posture de circonstance, car, à la vision du team de Jacquemus : aucun black ! C’est blanc comme ses robes de plage ! On veut bien surfer sur la vague de l’indignation contre le racisme, mais on n’en veut pas chez soi. Cela laisse des traces noires sur les tissus blancs.
Voici le créateur du prêt-à-poser de l’Occitane ; sorte de « Geiger » des pauvres. La gloire de son père dans les Alpilles qui se transporte dans les champs de blé de sa grand-mère pour une empreinte carbone maxi en déplaçant des journalistes à l’autre bout de la France. « Bonjour la taxe Macronne ! » Les autres couturiers, « les vrais eux » sont confinés dans le Paris « des champs de Masques », au pied de la Tour Eiffel. Le garçon de la « Porte » ouverte est un poète cocasse. Il se « congra-cul-le » de sa roublardise, et serrant les mains par couple de trois, les uns coiffés de lauriers de paille et les autres avec la satisfaction d’avoir rameuté la foule porcine des Parisiens dans les terres de Jean Giono. Lire la suite »
ACT NAIN L’HORREUR EST HUMAINE
Voilà, sans aucun doute, un semblant d’essai de création pour attirer l’attention sur une couture qui n’en vaut pas la peine. Une copie de « jacque-anus » accouplée à Guo Peï, pour une confrontation entre la force du désir et la fragilité technique, adossée à l’horreur physique, mais il est vrai que l’horreur est humaine. Comme le bréchet de certains oiseaux charognards, on imagine le clapotement d’un égout servant de déversoir, qui s’éparpille dans une gerbe de gouttelettes et qui s’accroche à la pasta milanaise d’un morpion sur le pubis de Minerve.
Label fondé par Luca Lin et Galib Gassanoff en 2016 à Reggio Emilia en Italie, il faut se demander si cette collection est le résultat de l’inspiration d’un labeur qui travaille comme un muscle ou d’un effort continuellement renouvelé et entraîné. Les couturiers du « bluff sur le moi », enragés du laid, non pas par nature, mais par un entraînement rigoureux, fixateur personnel du goût des autres, nous imposent l’image d’une bourgeoise sortie du ruisseau qui n’a jamais connu Flaubert.
Nous pensions voir de la couture, mais finalement, nous sommes rentrés dans un monde étrange qui réside non loin des latrines. Il est vrai que les collections se suivent mais ne se ressemblent pas ! Act N°1 en voilà un vrai nom qui détermine sont futur car après le premier acte il est probable qu’il n’y en ait pas de deuxième. Un mal, pour un bien, peut-être ? Ils sont buvards comme Rousteing et ils travaillent toujours en sous-main.
Anonymode
VIRTUAL FASHION BORN TO BE ALIVE
Au cours des deux dernières semaines, nous avons assisté à une série de présentations virtuelles, d’événements en ligne différents et variés. On ne peut pas accuser les maisons de luxe de manquer d’inventivités, et on apprécie vraiment la rapidité avec laquelle tout a été mis en ligne, même pour la grande Muette, qui est habituée au virtuel, était, pour une fois, dans son élément. Toutefois, il semble que ce système soit plus adapté aux petites maisons, car leur flexibilité est meilleure et les moyens vidéos ou live broadcast sont toujours plus légers, alors que les grandes marques doivent toujours déplacer plusieurs camions pour réaliser un film et une kyrielle d’assistants sous-payés qui font de ce secteur les meilleurs « Thénardier » de la mode, ce qui ne les rend pas moins « Misérables ».
De Loewe à Prada en passant pas Dior, les solutions créatives ont été passionnantes à regarder mais souvent hors-sujet. Mais, cette nouvelle réalité soulève la question : combien de ces nouveaux formats se perdent dans l’océan des contenus du « web-fashion ». Faut-il orchestrer ce flux ininterrompu pour que ce nouveau format se démarque et offre, enfin, à sa clientèle un fil d’Ariane cohérent où le prêt-à-porter mélangé avec la couture ne sera pas finalement mixé et où le message de cette exception culturelle de la France peut enfin ressortir dans une Europe Fashion où plus aucune règle ne règne. Lire la suite »
MAGLIANO MENSWEAR 2021
Voici la mode dans un prosaïque descriptif de la minutie manquante, découpant les couleurs, inspectant l’atome et pointillant l’éléphant pour le côté pachydermique. Ils finissent par donner aux yeux de l’esprit la sensation insupportable d’un sentiment du corps en tôle brillante qui ne fait que vous éblouir, et qui vous empêche de voir les « Mûres » mais là, les mûres ont des abeilles qui viennent vous faire bourdonner les oreilles à en mourir. Lire la suite »
ICI ON TUE DES ENFANTS
Nora a juste 7 ans. Dans son territoire enclavé, elle n’aperçoit pas la mer, car, pour cela, il faut passer la guerre, mais aussi les snipers. Il faut risquer sa vie, et elle est minuscule sa vie, toute en retenue, elle est bien peu de chose. Nora a un rêve un peu dérisoire, voir l’eau bleue de l’océan, c’est sa manière de résister, et puis, dans la mer, il y a des dauphins, l’animal magique de liberté. Pourtant, la petite fille ne regarde pas du côté de l’Occident, car l’exil lui serait encore plus insupportable que la guerre.
Voir la mer, un rêve impossible. Regardez-la bien cette petite Antigone, marchant dans les rues détruites par les obus, et courant jusqu’à ce qu’elle tombe parterre. Pour franchir cette ligne, le plus difficile c’est le bateau, des embarcations qui ne sont pas en bon état et dont les coques sont en bois. Il arrive que parfois l’une d’elles vogue vers la liberté. Pour la France, le pays où tout est possible. Mais, Nora ne sait pas nager, pas grave lui dit le meilleur ami de son cousin qui connaît le pays de Jean-Jacques Rousseau, et lui dit que la liberté en France c’est mieux que n’importe où, ici. Lire la suite »