LA FACE CACHÉE DU LUXE
Elle est située à Guimerville, en plein cœur de la Picardie. Aucun panneau ne renseigne les visiteurs. Le personnel n’a pas le droit de s’exprimer et signe des contrats de confidentialité dès l’embauche. Derrière les grandes grilles des ateliers travaillent près de 2 800 verriers qui sont parmi les meilleurs au monde.
Ils fabriquent les flacons de parfums des plus grandes marques de luxe de la planète : Vuitton, Chanel, Hermès, Estee Lauder, etc….. Cette immense usine est la propriété depuis 1624 de la Comtesse d’Eu, par une lettre patentée, puis, de la famille Colonna de Giovellina depuis plusieurs générations, qui reste le leader mondial de la sous-traitance pour le luxe et le flaconnage industriel de parfumerie. A l’époque de la comtesse, les verriers portaient l’épée comme les nobles.
C’est une famille appréciée par les grandes maisons parisiennes pour sa discrétion et sa rigueur. Le parfum est un des secteurs où les marques de luxe continuent à nous donner l’image d’une production artisanale de produits naturels mais, en réalité, les plus grandes usines chimiques de la planète, qui produisent vos détergents appelées plus communément les grands lessiviers, sont légion et produisent pour les marques ce mécano qui sera assemblé dans leurs usines qu’ils appellent pompeusement usines de parfumerie alors qu’elles ne sont que des usines de conditionnement.
L’image du ‘Nez’, qui réalise ses mélanges sur son île, comme dans le film « Le Sauvage » avec Yves Montand, reste un mythe. Aujourd’hui, les nez sont enfermés vingt quatre heures sur vingt-quatre dans des bureaux climatisés, manipulant des produits chimiques toujours plus « Chimi rique « .
Les verriers, eux, ont fait quelques progrès sur l’écologie. Ils ne déversent plus dans l’atmosphère du plomb et des produits toxiques, mais dépensent, quand même, plus de 100 000 euros de gaz par mois par four pour faire fonctionner leur outil industriel et produire par machine plus de 100 000 flacons par jour.
Parmi ces familles de fournisseurs, ceux-ci ne sont pas secrets mais discrets. Il y a aussi la famille Thomas, qui règne sur le groupe de maroquinerie Thomas. Leader européen de la sous-traitance dans le luxe, ils sont des fabricants de sacs pour les plus grandes marques. Là aussi, dans la plus grande discrétion, les ateliers d’Armançon emploient près de 800 maroquinières ultra qualifiées. Mais, depuis quelques années, le Seigneur des Arnault a décidé de fabriquer lui-même ses sacs, une grande perte pour l’entreprise. Maintenant, Hermès et Chanel vont aussi construire des usines. Les marques anciennement assembleurs de luxe ne produisent rien dans des secteurs industriels trop lourds, comme le verre ou la chimie.
Anonymode.