Mois: novembre 2019

LES CALINS DE NOËL

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Je veux parler ici des rêves bleus que font les demoiselles, laissant leurs yeux sur un lac d’argent tournoyer et pour éventer de leurs ailes le désir qui couve entre leurs bras. Mais, voici le vaisseau des loqueteux, portant leur habit du dimanche un mardi, arrivant par vague colonisée peu à peu par des armées de pétroleuses qui ressemblent plus au sépulcre, mais pour les sapins cela ne m’a pas paru si dichotomique. Quelques gazelles sautaient dans les couloirs de l’Hôtel Plaza Athénée que l’on aurait pu chasser à foison, et ainsi voir le sang couler de ces biches sur la moquette blanche du luxueux palace parisien.

Quelle volonté avait ordonné l’invention de ces formes sophistiquées toujours plus ingénieuses et toujours plus distantes à mesure que les minutes s’écoulaient sur ma Tag avant que le Seigneur rachète cette maîtresse de mes heures ? De la spirale de Gauthier au flacon gravé, seul l’éventail attire mon attention parmi ce qui pourrait être des trésors provenant d’un cabinet de curiosités. Voilà le créateur Sylvain Le Guen qui a cette puissance géniale et déréglée du commun qui triomphe de l’unité orchestrée par l’efflorescence de son génie et de sa gentillesse.

L’éventail en sapin dans le reflet des yeux de ma douce, je suis le seul à en parler, je suis le seul qui soit concerné par ce miroir où l’air circule à travers moi et où l’air a un visage aimant. Voilà l’outil de Karl, que les autres ignorent, mais que la brise de son Hambourg natal lui rappelait souvent. Un outil si plissé qu’il pourrait sortir des plisseurs de Lognon. Voici que le sang aux joues que ma voisine recule, apportant à son visage une pâleur plus que de circonstance, comme le délice d’une âme emprisonnée derrière des convenances. L’artiste de ce sapin pense que les temps pré-adamiques avaient déjà donné cet alizé dans sa région si douce des Abruzzes du talent. Lire la suite »

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LES ŒUVRES AU BACON

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Cette exposition au Centre Pompidou est censée présenter les rapports entre la peinture de Francis Bacon et la littérature, ou plus précisément, certaines de ses lectures qui sont le degré zéro de sa littérature, « La bible ne fait pas le moine ». On peut comprendre qu’entre les pompes à bière de Kensington et son atelier, il « pinte » beaucoup de Pablo. Vous verrez une soixantaine de toiles du « mètre » et de courts passages de six livres provenant de sa bibliothèque, des rêves de littérature élevés au rang d’icônes sacrées, tombés sur une indécente de lit.

Les rapports entre textes et peintures, sujets riches, passionnants et difficiles, sont ponctués de quelques taches blanches représentant sa sexualité à l’image de Michel Houellebecq, ou D Grumler dans leurs œuvres respectives.

J’aurais aimé avoir un éclairage sur Bacon l’anti-Manet, réconciliant la peinture avec la littérature, alors que Manet avait, le premier conçu une peinture libérée du livre. Ces corps ramassés à l’extrême, tordus et écrabouillés, musculeux, disloqués, ravagés, ces distorsions crispées, ces contractures paroxystiques, sont d’abord signes de fulgurances, mais nerveuses, et d’un emportement furieux, presque athlétique, il tombe dans le somatique, psychologique de la mystérieuse animalité d’anthropoïde solitaire et désolée qui est en chaque homme.

J’aurai voulu que l’on m’explique l’étrange ressemblance entre les tableaux de Francisco Goya de la série de la « Casa del Sordo » mais aussi son incommensurable déficit à ne pas pouvoir réaliser une perspective par manque de connaissance de celle-ci. Et toujours les portes noires à l’arrière plan comme la mort qui rode et qui vient toujours nous rappeler que la chair humaine est faible mais surtout mortelle. Lire la suite »

SHANGHAI FASHION WEEK

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En dehors des quatre grandes semaines de la mode, Shanghai s’est imposée comme l’un des plus importants pôles de la mode à l’Est, bien que les noms des couturiers les plus connus du pays sont Masha Ma et Uma Wang qui préfèrent d’ailleurs se produire en Europe. Shanghai Fashion Week offre une plateforme pour les jeunes labels indépendants tels que Xuzhi, Oude Wang, et Shushu/Tong. C’est aussi une occasion unique pour les journalistes et acheteurs de la Fashion Sphère de découvrir de nouveaux talents locaux et de s’engager sur un marché massif mais souvent assez complexe.

Parmi les labels à surveiller dans les prochains jours figurent Ximon Lee, Anaïs Jourden (de Hong Kong et régulièrement à Paris), Staff Only, Oude Wang, et Shushu/Tong. La scène chinoise des créateurs indépendants est jeune, mais très lucrative, car les jeunes consommateurs chinois sont à la recherche de marques locales, ce qui en fait le point fort de Gen Z.

Quelque part en Chine, à Hong Kong par exemple, chaque jour, depuis près de six mois, les manifestants pro-démocratie envahissent le quartier d’affaires pour protester notamment contre la politique du gouvernement local. Lire la suite »

LA TRANSPARENCE DANS L’INFLUENCE

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Alors que le secteur de la mode s’efforce de définir ce qu’est réellement un Influenceur ou une Influenceuse, suceuse de SMS qui se demande encore à quel âge se dessine un majeur. Voilà que des organisations comme la « Federal Trade Commission » aux États-Unis s’attaquent à la publicité mensongère, en d’autres termes, si un Influenceur a été payé pour porter des vêtements d’une marque, il sera désormais obligé de le mentionner dans son « post ». Mercredi, Carlo Capasa, le président de la Chambre Syndicale de la mode Italienne, a déclaré qu’il était temps pour les « Influenceurs » de préciser si oui ou non leurs vêtements ont été empruntés ou donnés en échange d’une rétribution monétaire.

C’est la panique dans le monde des bimbos, cherchant à connaître le mot rétribution, qu’elles confondent la plupart du temps avec cadeaux. Selon une enquête réalisée depuis 2017, l’utilisation des hashtags et la promotion des marques par des personnes influentes des médias sociaux ont considérablement augmenté. La « Camera Nazionale Della Moda Italiana » a publié la semaine dernière un rapport intitulé « Directives et règles de conduite pour les Influenceurs » voulant encadrer les pouffes de mode et autres demi-mondaines qui se pavanent toute la journée aux frais de la comtesse.

C’est une nécessité de protéger les consommateurs contre des informations trompeuses ou inexactes, celles-ci polluent d’ailleurs le marché du commerce électronique. Mais, « alors doit-on dire que nos implants mammaires sont de la publicité mensongère ? » s’est esclaffée Lolo Maserati qui ronronne comme une chatte en chaleur sur les « front rows » de la Fashion Week de Paris. Lire la suite »

HOMO FEMELLE

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On le croyait disparu mais l’homme hétéro au foyer revient en force pour la gestion égalitaire du foyer, peut-être ! Il prépare la maison en attendant son « mari ou sa femme » c’est selon. Elle rentre épuisée de travailler fréquentant les derniers connards en excédant de testostérones, qui auraient bien voulu se la faire, et qui finiront par la harceler car « crime de lèse majesté » elle avait oser refuser leurs avances.

Lui prépare des gâteaux dans une cuisine qui sera ensuite nettoyée, astiquée… Le début de sa journée avait commencé par le repassage pour les enfants. L’aspirateur venait ensuite emprisonner les poussières toute entière qui la font éternuer. Vous croyez que la parfaite ménagère serait une femme ! Vous avez perdu, les hommes aujourd’hui enterrent définitivement la vision de la femme des années 1960.

Actif, sportif, bricoleur, bon amant, en principe, l’homo-femelle s’est modernisé. Il offre tous les avantages de la femme sans ses inconvénients. Il n’a ni menstruation ni migraine. Il fait office de sexe-boy sans jamais défaillir, mieux qu’un « gode Michelet » bien éduqué. Il répond au doigt et à l’œil, il s’occupe de la voiture de madame mais aussi des petites pannes ménagères des meilleures amies de sa femme. Elle, délivrée de toutes ces tâches ménagères, progresse chaque jour un peu plus dans son poste, et prépare, pour ses cinquante ans et après sa nouvelle promotion, un cadeau somptueux portant le numéro 911 pour le remercier. Comme cela en voyage, comme d’habitude, quand je conduis, elle dort et quand elle dort, je conduis. Lire la suite »

PARFUM ET MODE UN INTÉRÊT COMMUN

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L’Oréal, en ajoutant Mugler et Azzaro à son portefeuille d’une vingtaine de parfums de luxe, devient le numéro 2 mondial des cosmétiques pour se transformer en groupe de luxe à la LVMH. Avec l’ajout de ces marques et de leurs jus iconiques comme Angel ou Chrome, L’Oréal va encore renforcer ses positions sur le secteur des parfums, dont le numéro un mondial est Coty, qui lui ne rachète pas de marque de couturier mais de la demi-mondaine Jenner issue des « Kardashiantes ». Une croissance pour le groupe français de 7,8 % des ventes en 2018 soit 2,5 milliards d’euros. Mais, derrière le parfum, n’y-a t-il pas une stratégie de changer l’objectif de plonger dans la couture et les accessoires, faire ce que les couturiers se sont mis à faire autrefois du parfum alors qu’ils n’étaient que couture. L’Oréal se mettrait donc à son tour à faire de la couture?

J’aime le parfum autant que la mode. Cela m’a toujours fait rêver et rien de mieux pour témoigner de l’identité d’une marque. Quatre-vingt-cinq ans plus tôt, Gabrielle Chanel déclarait : « Il n’y a pas d’élégance possible sans parfum, invisible et ultime accessoire inoubliable. » Des parfums et de la mode, la liaison est tellement étroite qu’on pourrait la dire conjugale.

C’est l’invisible accessoire et entre l’avènement de la parfumerie moderne à la fin du XIXe siècle et sa main mise par le monde de la couture, il a fallu presque un demi-siècle, le temps de s’adapter aux découvertes de la chimie ainsi qu’à la modification du métier de parfumeur et à l’essor industriel qui s’ensuit. Le premier, en 1911, qui a associé senteurs et Haute Couture est Paul Poiret, qui créa les Parfums Rosine, du nom de sa fille. Lire la suite »

LA SYMPHONIE DES BONNES PERSONNES

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La pire des décadences n’est point celle qui naît d’un excès de raffinement dans une élite, mais de la vulgarité et de la méchanceté. La vulgarité est partout et elle provient du ruisseau là où se tient usuellement les palabres des céphalo-abstinents. Elle n’est jamais de belles manières et vous aurez beau la dépeindre aussi harmonieusement que vous le pourrez, elle n’en reste pas moins aussi immonde. Elle nous submerge, et elle est activée par des intelligences mycosées, ou par des travailleurs besogneux de la filouterie, qui pour survivre à leurs turpitudes, trouvent une satisfaction à détruire la vie des gens biens. Je peux imaginer, avec effroi, ces prévôts affublés en 1936 d’un uniforme avec un logo rouge et une croix noire, transformés en petit chef pour anéantir la balade des bonnes personnes, et les faire brûler dans le four des enfers; pour le grand malheur de tous.

Des voyous qui jettent Homère aux latrines, et compissant les tables de la Loi. Ces métaphoriseurs de mots ampoulés, grands diseurs de billevesées, arrivent comme des chiens cyniques pour activer leur pompe obscène et blasphématrice comme signe extérieur de faiblesse. Lire la suite »

NOUVELLE TERRE D’HERMES

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Jeudi soir dernier, Hermès avait invité toutes ses juments, qui sont les premières clientes de la maison, pour la réouverture de son magasin à San Francisco où la maison est depuis 32 ans. La marque propose une expérience événementielle, pour une ruée sur l’or de la « silly conne » Valley qui ne sera pas en reste, car la seule modernité de la maison sera bien le bracelet de « l’Apple Watch ». Un thème équestre, cela n’est que justice de rendre à césar ce qui appartient à cheval, et qui a bien failli appartenir au « Cheval Blanc ».

Un vaisseau « amylase » dans cette nouvelle boutique de 836 mètres carré de soie, un géant pour une société de luxe qui n’est qu’une puce face à celle du Seigneur des Arnault, mais nul n’est prophète en son prémix. Un espace tentaculaire pour quelque 500 invités triés sur le « carré », qui ont pu admirer le fleuron de la marque. Des exclusivités de la maison pour ce site de San Francisco, dont un nouveau sac de pêche pour aller à « Fisherman Wharf », ainsi qu’un nouveau bracelet « Apple Watch » en cuir de veau, un clin d’œil du « foutage de gueuses » pour les clientes les plus « pur-sangs » de la Californie.

A noter que George Boutros, le légendaire négociateur en fusions et acquisitions de la Silicon Valley, a visité l’espace avec son épouse, tout comme l’investisseur Bill et Sako Fisher, ainsi que des centaines d’autres invités, mais n’allez pas interpréter qu’ Hermès chercherait des fonds pour se développer. Une hospitalité à grand coup de verres de champagne californien et de vins de la Napa, la qualité requise pour une soirée de haut « vole », car bien mal acquis ne profite qu’après. Lire la suite »

LA MORBIDE ALBION

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Un premier ministre cynique et une classe dirigeante incompétente complètement paniquée ; « Allez-vous faire foutre ! » lance l’acteur Hugh Grant dans un tweet ravageur. Une injure qui répondait à l’insulte bien plus grave faite par Boris Johnson à la démocratie anglaise. Et voilà le monde sidéré de découvrir qu’une institution aussi vénérable que le Palais de Westminster n’était pas forcément protégée contre les démagogues et les populistes. Même au Royaume-Uni, où les traditions sont si profondément ancrées, que l’on n’a jamais éprouvé le besoin de les graver dans une constitution.

Déni de démocratie, coup d’état dans l’état ? Les experts jugeront. Mais, l’inviolabilité supposée du fameux (check and balance ) élaborée par Locke (1632-1704) et Montesquieu (1689-1755), la théorie de la séparation des pouvoirs afin de limiter l’arbitraire et d’empêcher les abus. Une balance qui régit depuis des lustres la démocratie parlementaire. Or Shakespeare et l’histoire ont bien montré que légèrement dérangé, complètement cinglé, les dirigeants autoritaires savaient profiter des failles inhérentes à toute démocratie pour imposer le silence à ceux qui pourraient leur résister. Le vaisseau anglais prenait déjà l’eau. Maintenant, il menace de sombrer.

La livre coule, et les anciennes colonies se rebellent. L’Empire devient finalement l’empire du mâle dominant. La City sombre dans un marasme dont elle ne se relèvera pas avant 20 ans. Les demandes de nationalité Française pour le plus flegmatique des peuples se multiplient. Lire la suite »

MELCHIOR THIMISTER PASSED AWAY

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Russe, Français, Belge, orthodoxe, catholique, un mélange peu orthodoxe mais une carte de l’Europe. Après un passage chez Karl Lagerfeld et dans la Maison Jean Patou, il travaille comme décorateur avant d’être nommé directeur artistique de la maison Balenciaga. Il mit à profit ces cinq ans et demi à ce poste pour redonner un nouveau souffle, puis créa sa propre marque à Paris en 1997, sous laquelle il a depuis présenté des collections de Haute Couture et de prêt-à-porter.

En même temps, il prit la direction artistique de la marque Italienne Genny, et de 2005 à 2007 celle de Charles Jourdan. Il a aussi travaillé pour de nombreuses marques de prêt-à-porter en tant que consultant. Les créations de Thimister possèdent une certaine légèreté et une poésie dont il émane une élégance dépourvue de coquetterie. Dépoussiérant le traditionnel savoir-faire de la Haute Couture, notamment en utilisant des matières peu conventionnelles.

Didier Grumbach lui propose alors de défiler comme membre invité de la Haute Couture. La marque Thimister fera donc deux défilés de prêt-à-porter et autant de défilés couture par an et ses investissements, qui sont considérables, auront raison de sa fragilité, qui faute de partenaires financiers, amèneront celle-ci à cesser son activité quatre ans plus tard. Lire la suite »