Jour: 13 mai 2019

UN MÉTRO NOMMÉ DÉSIR

Publié le Mis à jour le

Je me souviens encore de l’odeur sèche des poussières métalliques du métropolitain. En ce temps là, il ne sentait ni la miction, ni l’huile de McDo. Je revois les paillettes de silex sur les marches des escaliers, brillantes comme des étoiles les jours de pluie. Je me remémore le poinçonneur à la mine triste assis sur sa drôle de petite boîte et rêvant à des contrées lointaines, il faisait un petit trou dans le billet et ses confettis se cachant sous sa veste finissaient au lilas dans son appartement. S’il m’avait donné sa poinçonneuse, j’aurais bien fait des petits trous dans les marches des escaliers pour voir ce qui se cachait derrière les étoiles les jours de pluie.

L’attente du train sur le quai était souvent raccourcie par une barre de chocolat convoitée dans cette boîte en argent qui me rappelait le coffre aux secrets de ma sœur ; un distributeur automate que je voyais comme un robot imaginant à l’intérieur un homme de petite taille distribuant les friandises seulement aux enfants sages… Enfin, arrivant dans un grand bruit, comme l’armée de Gengis Khan qui déferlerait de ce trou noir du bout du quai, comme un dragon tout flamme dehors de couleurs vertes et rouges, avec à sa tête un conducteur impassible qui ressemblait avec son béret à mon voisin de pallier.

Les portes s’ouvraient avec un chuintement profond en expulsant l’air comprimé, on m’apprenait à me ranger sur le bord du quai, à l’écart des portes pour que les voyageurs puissent descendre aisément, puis nous montions dans le wagon. Le meilleur de celui-ci était en tête. Là, je pouvais observer le barreur de ce vaisseau fantastique celui qui, comme par magie, fermait les portes d’un seul bouton, dans un claquement sec des loquets qui retombaient dans leur logement métallique. Lire la suite »

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